Spécial concours « Raconte moi ton souvenir médical »
J’aime les challenges d’écriture et autres divertissements imposés, pour le fun et pour titiller l’imagination qui a besoin de se nourrir en permanence de ce genre de défi.
J’avoue que je n’ai pas la tête à ça et pourtant en ce moment je croise beaucoup de concours sur les blogs, peu sont littéraires mais quand j’ai vu sur le blog de Nanette relayé le concours qu’organise Moo « Raconte moi ton souvenir médical », ça m'a rappelé un texte que j'avais écrit lors de ma dernière hospitalisation pour une fistule anale (oui j’ai des maladies top glamour).
Voilà donc pour moi l’occasion de relire ce texte, de le soumettre à un nouveau public et de me replonger dans l’univers impitoyable médical que je vais retrouver bientôt.
Je vous en reparlerai car ce n’est pas l’objet de ce billet mais ma cholestase gravidique s’aggrave et je serai hospitalisée dans deux semaines (à 34 SA) pour un déclenchement au maximum à 36 SA.
L’accouchement et la fin de mon calvaire s’annoncent donc plus vite que prévus, j’accoucherai en décembre. Je vis mon dernier mois de grossesse et va donc falloir que je me bouge les fesses pour écrire tous les billets que j’ai en tête avant.
Mais revenons-en à l’objet de ce billet, au concours de Moo où on peut gagner des tablettes de chocolat et à mon souvenir médical.
Même si ce texte a été écrit sous morphine à l’hôpital, tout ce qui est relaté est vrai et à peine exagéré :
Expérimentation médicale
Ça
commençait bien. A peine arrivée dans le grand bâtiment blanc, quand j’ai voulu
m’enquérir de ma chambre, ils attendaient un garçon et n’avaient pas de chambre
de fille prête. J’ai bien proposé d’échanger ma place avec mon compagnon mais
Mezcal, n’ayant pas le sens du sacrifice, n’a pas voulu.
J’ai pensé à une solution, qu’ils me mettent dans la chambre de mon ami
Kiglisss puis je me suis rappelé que ce dernier était déjà sorti depuis
plusieurs semaines et que de toute façon son hôpital à lui était à plusieurs
centaines de kilomètres.
Pas grave,
je pouvais attendre et rentrer chez moi mais ils n’ont pas voulu, c’était
pourtant la solution la plus logique et affable de ma part.
« Oui laissez-moi partir, ce n’est pas moi la malade, c’est lui ! »
m’exclamais-je en désignant un homme qui passait par là. Pas de veine, c’était
mon chirurgien.
Plus tard,
un anesthésiste néandertalien est venu me voir.
« C’est vous qui aimez les fossiles ? J’en suis un, ah haha »
Après une discussion fort sympathique sur les aquarelles des marins et quelques
compliments sur ma voix de bluesman entretenue par le tabac, il est reparti
sans me dire grand-chose à part qu’il était un pro de l’anesthésie mais que de
toute façon ce ne serait pas lui qui m’endormirait.
Je commençais à me sentir à l’aise dans cet univers baigné par l’absurde aseptisé.
Le repas
était gastronomique, poisson-pané/courgettes à l’eau/flan vanille sans caramel
et deux mandarines dont j’espérais qu’elles seraient mangeables malgré la
mollesse de leur aspect.
J’ai cherché en vain le fromage et l’entrée mais même après une fouille
minutieuse du plateau j’ai dû me rendre à l’évidence que c’était une option que
mon menu ne possédait pas.
Au bout des
42 secondes qu’il m’a fallu pour manger ce dernier repas pendant 42 heures, les
infirmières m’ont conduite à la douche, me remettant le savon obligatoire à la
Bétadine qui colore tout en orange. Chouette, j’ai toujours rêvé d’avoir le
fessier orangé, il paraît que ça rend aimable.
On m’a aussi donné un bracelet à mon nom et prénom au cas où, prise de folie la
nuit, je me prendrais pour une autre, cela me fait ricaner doucement, j’ai les
deux pieds sur terre même si ma tête côtoie les nuages.
Retour à la chambre après le bloc. Tout c’est bien passé, mais une interrogation demeure : pourquoi ce sont des petits hommes verts qui m’ont opérée ?
Stone, le
monde est stone et je danse avec des tortues vertes à pois orange.
Je suis un coton.
Dring !
Sonnerie du téléphone. Je décroche.
« Allo ? Dieu ?! Mais non pourquoi vous m’appelez ici ? Comment ça je délire,
mais non c’est vous, d’abord vous n’existez même pas. Laissez-moi tranquille…je
vais raccrocher… »
Un ange en
blouse blanche passe par là, je lui tends le téléphone en lui disant :
« Je crois que c’est pour vous, moi je suis athée de naissance. »
L’ange se saisit du combiné pendant que je retourne à mes préoccupations existentielles, le coton se mange t-il avec ou sans Bétadine ?
« Allo. Oui ? Non madame elle n’est pas sous médicaments, votre fille est dans son état normal. Elle vous rappellera plus tard, ne vous inquiétez pas. Oui, au revoir »
La nuit venue, j’ose réclamer un petit truc à grignoter, faut dire que la maigre tranche de jambon et la cuillère de purée du repas de 18h ne m’ont pas suffi même avec la biscotte sans sel que j’ai fait durer le plus longtemps possible. J’ai eu droit à deux biscottes supplémentaires avec du beurre, j’en pleure de joie et du coup je fais tomber une des deux biscottes par terre.
Le lendemain midi, on oublie de m’amener mon repas, je mange mes culottes filet (au fait, je tiens à préciser que c’est très sexy les culottes filet) et mes pansements sans Bétadine, il paraît que je n’y ai plus droit. Puis j’ai une idée lumineuse, faire la grève de la faim tant qu’on ne m’apportera pas mon repas, ça marche super bien.
Un matin,
celui de ma sortie, une socio-esthéticienne vient me voir gratuitement et me
propose de me ronger les ongles des pieds ou de me manucurer le visage.
Je choisis cette deuxième solution et j’ai droit à un massage facial, vrai
moment de détente si on fait exception des produits « odeur de la mer ». Entre
le grain de sable qui écorche et l’odeur de l’algue moisie, j’hésite entre
vomir et m’évanouir. Je pue donc la morue et pour finir j’ai droit au
maquillage bonne mine qui consiste à poser du mascara en gros paquet sur mes
yeux gonflés par les médicaments pour être toute jolie avant de sortir.
C’est donc
avec les yeux rouges et noirs et une démarche ridicule que j’ai pu m’évader de
cet univers impitoyable.
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Et puisqu'on est dans les concours, j'ai inscrit le blog au concours Cosmopolitan "meilleurs espoir blog". Il y a des Tabbee à gagner, je ne sais pas ce que c'est mais ça à l'air cool.
Bon par contre il reste peu de temps pour voter
(jusqu'au 20 décembre) alors je compte sur vous pour cliquer sur le lien
ci-dessous ou sur le l'image dans la colonne de droite.
Vous pouvez voter une fois par jour !