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42 semaines ou le guide du fœtus voyageur
42 semaines ou le guide du fœtus voyageur
  • La grossesse n'est pas toujours un long fleuve tranquille, angoisses, joies, peurs sont ici évoqués par la parturiente et le futur papa pour un blog écrit à 4 mains. De gros maux traités par des petits mots teintés d'humour, de légèreté et d'auto dérision.
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42 semaines ou le guide du fœtus voyageur
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7 juillet 2010

Lulu le sage

Il est temps, je crois, que je vous parle un peu plus de Lulu. Dans le jargon de la grossesse, il exerce la profession de « gygy », moi je préfère l'appeler l'accoucheur, mais l'accoucheur de rires et de sérénité, l'extirpeur des angoisses qui troublent ou tordent les tripes des futurs parents.

 

Nous étions déjà bien disposés envers lui avant de le rencontrer : on nous avait expliqué que dans la ville où nous résidons, il fallait, pour avoir une chance de rencontrer quelqu'un de sa profession une fois durant les neuf mois de la grossesse, qu'il ait mis au monde votre grand-mère, votre mère et vous-même. Ou alors, on devait se résoudre à consulter des dragons pratiquant le frottis la morve au nez et aimables comme les faiseuses d'anges de jadis. La brusquerie et les tendances à la boucherie à l'identique...

 

Et bien, quand Sayyadina a appelé la secrétaire de Lulu, celle-ci était désolée... de ne pas pouvoir accorder le rendez-vous le jour-même, mais seulement le lendemain !

 

Nous avons compris les raisons pour lesquelles Lulu est si disponible. Elles donnent à réfléchir sur nos contemporains, même si elles nous arrangent bien :

  • Lulu a quitté le CHU pour ouvrir son propre cabinet il y a un ou deux ans, il n'a pas encore constitué de clientèle parmi les vieilles familles de la ville ;

  • Lulu est un homme et il semblerait que beaucoup de parturientes (ou peut-être plutôt leurs compagnons...) ne tiennent pas à ce qu'un homme s'occupe de leur suivi gynéco ;

  • surtout, surtout... Lulu est africain et, dans notre bonne société où bien entendu personne n'est raciste, bizarrement un obstétricien noir a peu d'Européennes dans sa clientèle, ce qui réduit celle-ci quand on habite une ville de province française...

 

Dès le premier rendez-vous, nos zygomatiques se sont détendus en même temps que notre boule au ventre se dénouait. Le cabinet de Lulu est séparé de la salle d'attente par un rideau mécanique qu'il relève à la manivelle en soufflant fort. La radio, branchée sur France Culture, tourne en permanence pendant ses consultations. Mais Lulu sait être à la pointe de la technologie : il scanne tous les documents fournis et préfère échanger avec les parturientes par courriel. Essentiellement parce qu'il peut répondre à un courriel qiand il en a envie, alors qu'au téléphone les patientes le dérangent avec des interrogations stupides.

 

Il faut dire que, pour Lulu, « le bébé se nourrit sur la future mère, y compris en lui pompant son intelligence ». Et ça, il le tient de son ancienne collègue Marie-Christine, sage-femme au CHU, dont il parle avec le plus grand respect. Lulu est donc effondré par les questions bêtes posées par certaines de ses clientes, alors qu'il « ne parle pas le français d'Afrique, hein ? »

 

Lulu a le don des formules déroutantes, qu'il assène en prenant la pose d'un vieux sage africain. Concernant les risques de fc, il nous a expliqué doctement : « L'être humain est mal servi par Dame Nature. Il y a une fausse couche sur quatre, alors que Madame Lapine se reproduit sans arrêt et en nombre. » Le message n'est pas rassurant en soi, mais comment voulez-vous toutefois en être angoissé quand c'est formulé ainsi ?

 

De même, on ne peut que retenir ses conseils de prévention contre la listériose : pour lui, dès que revient l'été, on mange des rillettes dans le jardin en buvant du rosé bien frais, résultat on fait ensuite la sieste en oubliant de ranger le pot de cochonaille au frigo, et hop la Listeria se régale ! Bien évidemment, vous savez toutes et tous que l'obsession de la femme enceinte, c'est des rillettes avec du rosé...

 

Et puis, Lulu a un grand avantage : il dispose d'un vieil appareil à écho qui permet de faire quelques mesures basiques de l'embryon, de le voir et d'entendre le coeur. Ça rassure et c'est un plus par rapport à certaines femmes qui ne bénéficient que des trois échos obligatoires durant la grossesse... Sayya finit sa 11ème SG, nous avons déjà vu Lulu trois fois et avons un rendez-vous dans trois semaines.

 

Outre des conseils très pertinents et pédagogiques, fruits d'une expérience et d'une compétence palpables, Lulu a une vision juste du monde qui l'entoure, particulièrement quand il déplore les effets de la mondialisation ou dénonce la marchandisation du système de santé britannique devenu selon lui « labyrinthique ».

 

Pour être juste, Lulu a des moments d'absence, comme lorsqu'il reçoit une de mes collègues également enceinte et oublie presque de l'ausculter parce qu'il parle football avec l'époux, ou bien ne se rappelle plus qu'il est marié, s'en souvenant uniquement parce qu'il tient à dire qu'il refuse catégoriquement d'accompagner sa femme dans les magasins durant les soldes... « Je viens d'Afrique, mais ça ne m'intéresse plus de marchander ! »

 

A partir du 7ème mois, nous ne verrons peut-être plus Lulu, une fois que la maternité aura pris en charge Sayya. Mais je compte bien l'inviter au baptême (républicain).

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Commentaires
S
ça c'est bien passé, je suis en train d'écrire la note.<br /> <br /> Je viens de voir ta note sur ton blog...je t'ai laissé un message, je ne sais quoi dire mais je suis là si tu veux parler.
P
ALors cette écho des 12 SA ? J'ai pensé à toi.
S
C'est sur que je garderais ce gynécologue...par contre je ne suis pas certaine que Mezcal soit ramené ensuite à le revoir, du moins je ne pense que j'accepte qu'il m'accompagne pour des frottis :D
C
j'allais le dire, c'est as parce que Sayya aura eu son bébé qu'il ne va plus la suivre, au contraire, maintenant qu'elle a trouvé un gynéco bien qu'elle le garde !<br /> Il y a que le temps de la préparation à l'accouchement et à l'accouchement qu'elle sera suivie à l'hôpital je suppose (je dis ça j'en sais rien, j'ai pas d'enfant et à priori pas prête d'en avoir un) :D
M
on ne quitte pas un gygy sous pretexte qu'on a accouché, y a le rendez vous de retour de couche, le retour à la contraception et pis les frottis tous les deux ma p'tite dame (mon p'tit monsieur pardon)....alors si le courant passe garder le c'est tellement rare
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