Je n’aime pas les enfants (1)
Je n’aime pas les enfants, enfin pas plus que les autres humains de la planète
c'est-à-dire que je peux les aimer comme ils peuvent m’indifférer. A l’inverse
des adultes, je ne peux pas détester un enfant, pour la simple raison qu’il ne
m’a rien fait pour que j’arrive à ce sentiment extrême.
Le plus souvent les enfants m’indiffèrent car je ne les connais pas. Je suis un
peu sauvage et il me faut du temps pour que j’apprécie la compagnie d’autres
humains autour de moi, une fois apprivoisée je peux me révéler d’excellente
compagnie (enfin j’espère) et même être capable de vivre en communauté quelques
jours.
Quand j’aime bien une personne ça m’arrive même d’être tactile, mais pas avec
tout le monde aussi, généralement je suis tactile avec les tactiles, ceux qui
aiment prendre dans les bras et papouiller quand ils sont heureux de te voir ou
qu’ils ont bu quelques dizaines de verres et que tu deviens leur meilleure
amie. Avec ceux-là je suis très tactile moi aussi. Mais les gens que je n’aime
pas peuvent toujours essayer de me toucher ou ceux que je ne sens pas peuvent
se voir refuser poliment l’accolade.
Pire que les accolades franchouillardes des gens que je n’aime pas, il y a
quelque chose qui m’énerve c’est qu’on me balance un bébé dans les bras, quel
que soit l’âge du dit bébé (bon au-delà de 18 ans j’ai du mal à le considérer
comme un bébé).
J’ai rien demandé et je suis généralement très surprise quand cela arrive car
je ne m’y attends vraiment pas.
Je comprends à peine que les mamans acceptent que l’on palpe leur rejeton,
qu’on le papouille, qu’on lui parle avec la voix idiote de celle qui a respiré
un ballon d’hydrogène, qu’on gagatise sur leur beauté (et leur puanteur) mais
de là à nous le coller de force dans les bras c’est une limite qui devient plus
incompréhensible pour moi.
Je ne parle évidement pas de la famille, c’est normal qu’ils veulent toucher ce
bout de chose qui porte une part de leurs gènes, passent encore les amis mais
concernant les inconnus ou vagues connaissances, ou pote du pote de machin ça
m’échappe complètement.
Quand l’enfant est en âge de refuser les papouillages abusifs, la plupart du
temps quand on veut lui coller une grosse bise sur la joue il se planque
derrière sa maman. Là aussi on assiste à moult arguments pour que l’enfant
accepte de se laisser papouiller sous peine de passer pour asocial. Quand se
dernier cède au caprice de la maman c’est à contre cœur et avec un regard
malheureux qu’il tend la joue et se retire très vite sans tendre la deuxième.
Vous pensez vraiment que le bébé aime être papouillé ? Hein ?
Face à un enfant je réagis comme lui. J’observe de loin, je toise, je tente un
sourire timide, j’ignore et si je suis d’humeur taquine je lui tire la langue !
Généralement les enfants viennent facilement vers moi, peut-être parce que je
ne leur saute pas dessus, je ne leur parle pas comme à des débiles leur posant
des tonnes de questions auxquelles ils n’ont pas envie de répondre.
Quand un enfant arrive vers moi je lui laisse l’initiative du dialogue et des
jeux. Il n’est pas rare alors que je sois vite transformée en tête géante Bella
comme par exemple avec mes petites cousines métisses qui sont les plus belles
du monde, qui aiment jouer à la coiffeuse avec mes longs cheveux. Je vérifie
juste qu’elles n’ont pas un ciseau à la main, non pas par peur qu’elles se
blessent mais pour pas qu’elles coupent un cm de ma chevelure.
Je peux alors jouer des heures avec l’enfant qui a décidé de passer du temps
avec moi et généralement à la prochaine rencontre….c’est l’enfant qui me saute
dans les bras rendant jalouse toutes celles qui tentent de séduire par des
sourires hypocrites pour obtenir la joue molle tendue sans conviction de
l’enfant apeuré.
Ben oui, je n’aime pas les enfants, du moins pas plus que les humains en
général mais je les respecte et je respecte leur peur des adultes.
Mais vous me direz que je n’ai pas l’instinct maternel, qu’un bébé on ne peut pas
résister à l’envie de l’enduire de bave et de roucouler de bonheur en le
palpant.
Possible mais justement c’est quoi l’instinct maternel ? On en parlera dans la
suite de cette note…